Le journalisme défendu

03-02-2014
Denis Ruellan
Le journalisme défendu. Modèles de l’action syndicale,
Presses universitaires de Rennes, collection Res Publica, 2014, 158 p.
Si le syndicalisme dans le journalisme donne aujourd’hui à voir un visage pluriel et éclaté, c’est là un des résultats d’une longue histoire qui a vu apparaître, et souvent subsister, des organisations distinctes porteuses de conceptions différentes de l’action revendicative. Cette discontinuité n’était qu’apparence. Sédimentées par le temps, formant progressivement des agrégats, se reliant les uns aux autres tout en recherchant les voix de leurs différences, les organisations syndicales et les formes de leur action ont tendu vers des stabilités, des modèles récurrents, des régularités. Pour les découvrir, cet ouvrage se penche sur cinq événements distincts : 1 – La création d’une association de journalistes chrétiens qui rapidement se transforme en syndicat en 1895 ; 2 – Une autre création, en 1918, d’une organisation aux options radicalement différentes, le Syndicat national des journalistes ; 3 – La tentative de mettre sur pied une union syndicale, à deux périodes, durant l’entre-deux guerres et dans les années 1960 et 1970 ; 4 – L’invention d’une forme originale d’organisation, les Sociétés de rédacteurs, toujours dans la période de la fin des Trente Glorieuses ; 5 – L’usage d’une technologie sociale, introduite par la loi de 1935 (statut des journalistes), la Commission arbitrale chargée de régler certains conflits du travail. A partir de ces études, l’ouvrage identifie cinq régularités, cinq modalités majeures qui semblent contenir les conceptions de l’action syndicale des journalistes : la corporation (l’alliance des gens de métier sans distinction de condition), la profession (l’affirmation d’une identité spécifique de salariés du même métier), l’union (la coalition des forces laborieuses sans distinction de secteur ni d’emploi), la participation (la gestion partagée d’un espace de production par les employeurs et les salariés), le paritarisme (la coresponsabilité de l’administration partielle d’enjeux sociaux et professionnels). Ces régularités constituent les cinq entrées de l’ouvrage.
Post-face de François Demers, professeur à l’université Laval, Québec, Canada.