Origines du REJ
Depuis 1999, des chercheurs appartenant à différentes unités de recherche, en France, au Québec, au Brésil, au Mexique, se sont réunis en réseau afin de conjuguer leur compétence dans la mise en œuvre de programmes de recherche dans le domaine de la production et de la médiation de l’information, et du journalisme.
La forme de travail, progressivement élaborée et évolutive, a montré sa pertinence et sa productivité. Les travaux connaissent une visibilité croissante grâce la valorisation effectuée par les membres du réseau dans des publications et des colloques, grâce aussi à l’organisation « décentralisée » de séminaires du collectif ouverts à d’autres chercheurs (à Lannion, Lyon, Nice, Québec, Paris, Strasbourg, Aix en Provence), et grâce enfin à l’édition d’ouvrages collectifs. La productivité du réseau se mesure aussi aux réinvestissements que les chercheurs qui le composent effectuent dans leurs laboratoires respectifs, cette dialectique alimentant à la fois le réseau et ce domaine de la recherche. Au total le réseau a construit une méthode et une dynamique de travail qui lui permet de développer une approche multidimensionnelle des transformations du journalisme et de produire des hypothèses nouvelles pour en rendre compte, rencontrant ainsi l’intérêt croissant de la communauté scientifique.
La vitalité du réseau est liée à sa relative indépendance par rapport aux enjeux de pouvoir inhérents à toute recherche. Sa force réside dans sa capacité à apporter des réponses pragmatiques aux problèmes d’organisation, à inventer au fur et à mesure des modalités de fonctionnement. Son inscription dans la longue durée suppose cependant que soit explicitée son identité scientifique et que soient respectées des règles qui préservent sa souplesse et renforce son autonomie tout en garantissant sa cohérence.
Identité
L’identité scientifique du réseau ne peut pas être simplement définie par un domaine d’étude, le journalisme ou l’information médiatique, leur diversité, le flou de leurs frontières et leur transformation permanente étant des hypothèses fortes qui sous-tendent nos recherches actuelles. Elle ne peut pas se fonder non plus sur une unité de pensée a priori, la controverse scientifique étant à la base de la construction de problématiques de recherche, et la dimension comparative des travaux obligeant à tenir compte des différentes cultures scientifiques des chercheurs engagés. Elle ne doit pas être enfin l’unité (illusoire ?) d’une discipline ou d’une méthode de recherche : ce qui a permis la naissance du réseau et justifie sa pérennisation, c’est la volonté de rendre compte collectivement de l’articulation de logiques diverses qui orientent la production et la circulation médiatique d’information.
Le réseau n’est donc pas un simple regroupement thématique de recherches, ni un simple lieu d’échange entre chercheurs d’un même domaine. Il n’est pas non plus une société savante, même internationale, qui construirait sa légitimité académique. Il n’est pas pour autant un espace virtuel de rencontres occasionnelles.
Il se donne comme objectif de rassembler des chercheurs d’horizons divers pour produire des connaissances sur un domaine circonscrit de la réalité sociale : le journalisme dans l’espace public.
L’unité du réseau est dans le ou les programmes de recherche qu’il se fixe. Ceux-ci sont élaborés collectivement avec l’ambition de poser des hypothèses et de définir un cadre théorique qui permette la collaboration d’approches disciplinaires diverses (l’économie, la sociologie des organisations, la gestion, la sociologie des usages, la sociologie des professions, les sciences du langage, etc.), la mise en œuvre de méthodologies multiples (terrains et corpus, ethnographiques et statistiques, etc.).
La cohérence du réseau, ce qui lui donne son identité scientifique opposable à d’autres démarches (qui peuvent être menées dans d’autres cadres par les mêmes chercheurs), c’est ce qu’on appellera faute de mieux l’approche socio-discursive. Cette appellation, malgré les apparences, désigne moins une position épistémologique qu’une posture de recherche pragmatique reposant sur une conviction partagée : les dimensions sociales et discursives de la pratique journalistique doivent être abordées conjointement pour rendre compte des logiques sociales de production et de circulation de l’information. Cela entraîne une double préoccupation, dans la définition et dans la mise en œuvre des programmes de recherche. Du point de vue théorique, le cadrage doit s’efforcer de proposer une articulation des approches sociologiques et langagières. Pratiquement, les chercheurs, regroupés en équipes pluridisciplinaires sur un terrain et un corpus, s’efforcent de construire un point de vue synthétique, en partageant leurs méthodes et leurs langages.
La mise en œuvre concrète de chaque programme de recherche suppose évidemment la définition de contenus et de modalités spécifiques. Mais en tant que collectif, le réseau se donne comme tâche de rendre compte des logiques socio-discursives de la pratique journalistique. À terme, il peut même avoir l’ambition de créer un langage, voire des concepts communs aux différentes approches engagées.
Engagements
Le réseau est un être scientifique qui permet à ses membres d’associer leurs compétences et intérêts pour :
– mobiliser des moyens de recherche et de circulation des personnes et des travaux
– accomplir des programmes de recherche dont l’envergure ne peut être assumée par un seul laboratoire ou des chercheurs isolés
– favoriser la dimension comparative des recherches, en particulier au niveau international.
– partager des données
– se confronter à des collègues de façon suivie
– publier
– constituer une identité collective et dans un collectif.
L’appartenance au réseau implique un travail effectif de recherche sur la problématique du moment et au sein d’un collectif menant un programme, ou une activité suivie d’organisation de séminaires et de publications. Un chercheur membre du réseau doit prévoir d’y consacrer une fraction significative de son temps de recherche.