Invention permanente

Mise à jour : 31-01-2007

La multiplication des publications en ligne et des magazines de marque, le phénomène des blogues sur Internet, le déclin de la presse d’information générale payante et le succès de la presse gratuite et des magazines, sont autant de lieux de manifestation des transformations à l’oeuvre dans les médias. Celles-ci touchent l’ensemble de la production et de la diffusion d’information : extension des domaines d’intervention des entreprises de presse au delà de l’expertise journalistique vers la gestion de l’information publique ou promotionnelle ; élasticité de la fonction journalistique entre l’information et la production de contenu ; modulation de la mission d’information par la prise en compte accrue du destinataire à capter ; coexistence temporelle du flux de l’actualité et du stock de l’archive ; fragmentation accrue et instabilité croissante des publics.

Est-il possible de rendre compte de ces mouvements autrement qu’en termes de confusion, de subversion, de domination, de renoncement, de brouillage des frontières que l’on disait établies entre les stratégies, les pratiques, les identités, les produits, les énonciations, les usages ? Partant du postulat que le journalisme n’a jamais eu l’homogénéité qu’on lui attribue, l’invention permanente du journalisme, second programme du REJ, s’est efforcé de décrire des objets en mutation dans une perspective non normative. En s’appuyant sur les concepts foucaldiens de « formation discursive et de « dispersion », ses contributeurs ont font apparaître les discontinuités dans les pratiques nouvelles et entre les acteurs en émergence, mais aussi les airs de famille qui les rattachent au journalisme. Ainsi, d’objets a priori marginaux, les « gratuits » d’information générale, le magazine Epok de la Fnac, les blogues « d’information éthique », le discours de l’intime dans la presse féminine, apparaissent comme autant de manifestations dispersées d’une même pratique discursive le journalisme mais qui ne petit se réduire à l’espace, même « flou », de son exercice professionnel.

Revendiquant une approche socio discursive, les études ont multiplié les angles et les méthodes : de l’ethnographie des acteurs à l’étude économique, de l’analyse de discours à la sociologie des professions, des stratégies d’entreprise à l’étude de la réception. Il ne s’agit pas pour autant (le proposer une juxtaposition de points de vue, ni un syncrétisme de mauvais aloi, mais de montrer que le journalisme comme toute activité de production discursive est un travail permanent sur les normes (en particulier les normes de genres) qui en retour le constituent. L’identité journalistique ne peut être définie par un catalogue de formes, mais comme une pratique toujours en invention entre des logiques homogénéisantes et ses résurgences dispersées.

Sous la direction de Roselyne Ringoot et de Jean-Michel Utard, le programme s’est déroulé de 2002 à 2006 ; il a associé Nathalie Almar, Dominique Augey, Marc-François Bernier, Valérie Cavelier Croissant, Marianne Charrier-Vozel, Béatrice Damian Gaillard, François Demers, María Elena Hernández Ramírez, Bernard Idelson, Valérie Jeanne-Perrier, Alain Lavigne, Florence Le Cam, Zelia Leal Adghirni, Marie-Christine Lipani-Vaissade, Luiz Martins da Silva, Charles Moumouni, Dione de Oliveira Moura, Nicolas Pélissier, Franck Rebillard, Denis Ruellan, Francisco Sant’anna, Jacky Simonin, William Spano, Daniel Thierry, Jean-François Têtu, Annelise Touboul, Thierry Watine.

Les résultats des travaux sont en partie publiés dans deux ouvrages :

LE JOURNALISME EN INVENTION
Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs
Presses universitaires de Rennes, France, 2006
Lire ici le sommaire-invention.pdf et l’introduction-invention.pdf


FIGURES DU JOURNALISME
Brésil, Bretagne,France, La Réunion, Mexique, Québec
Les Presses de l’Université de Laval, Quebec, 2008.