La revue Le Temps des Médias. Revue d’histoire (numéro 29, parution en octobre 2017) lance un appel à contribution dans le cadre d’un dossier sur « la fausse information ».
Le numéro est Coordonné par Marion Brétéché, Evelyne Cohen et Christian Delporte.
Ce numéro vise à interroger la présence de la « fausse information » dans les médias sur une chronologie la plus vaste possible. Dans un contexte de défiance vis-à-vis des émetteurs de l’information mais aussi d’essor des rubriques et supports visant à rétablir « la » vérité, il a semblé stimulant de s’interroger sur la teneur réelle ou imaginaire de la fausse information, sur ses ressorts et sa fabrication ; de saisir ce que la fausse information manifeste du système médiatique auquel elle appartient. Quelle place occupe-t-elle et sous quelles formes ? Quels enjeux dévoile-t-elle ? Comment a-t-elle pu être porteuse de significations très diverses à travers les âges et les contextes politiques ? Nous envisageons la fausse information comme une nouvelle non attestée mais vécue comme (potentiellement) vraie par ses récepteurs au moment où elle a circulé. Préciser et déployer cette définition sera l’un des enjeux de ce numéro.
On peut repérer différents cas qu’il s’agira d’étudier et de catégoriser. Ainsi, la fausse information peut s’avérer être un canular – on pense à ceux d’Orson Welles (1938) sur l’invasion des États-Unis par les Martiens diffusés par la radio ou à la télévision belge (RTBF) annonçant la séparation de la Flandre (2006). Elle peut être liée à un manque de vérification journalistique – les charniers de Timisoara ou David Pujadas annonçant le retrait politique d’Alain Juppé en 2004. Elle peut relever d’une stratégie, celle du « bourrage de crânes » ou celle du brouillage entre le vrai et le faux, caractéristique de la Grande Guerre. Elle peut s’apparenter à un déni de réalité, comme dans les négationnismes. Pour mieux cerner la « fausse information », on questionnera son voisinage avec la rumeur, avec le développement du récit des faits divers, avec l’esprit du « complotisme ».
Cependant, notre démarche ne porte pas sur les mécanismes de désinformation instituée, telle la propagande, déjà bien étudiés. Tous les médias mériteront d’être pris en considération, depuis les chansons, la presse, les pamphlets… de l’époque moderne jusqu’aux mass-médias contemporains, sans négliger la place centrale des supports numériques. Une attention pourra être portée sur la dimension juridique et judicaire par le biais du délit de fausse information.
Outre un travail de caractérisation de la fausse information qui apparaîtra dans tous les articles (définition, thèmes récurrents, thématiques porteuses, modalités énonciatives), trois angles de travail nous ont semblé devoir être privilégiés.
Les messagers de la fausse information
Le terme de « messagers » recouvre ici l’ensemble des supports de médiation et de diffusion de la fausse information, qu’ils soient humains, médiatiques, techniques, narratifs… On pourra, par exemple, analyser l’identité sociale et professionnelle des diffuseurs et chercher à saisir comment cette pratique spécifique contribue à la forger. De même, la question des médias employés, des supports de diffusion ou encore des procédés d’écriture constituera un objet d’étude stimulant pour comprendre les ressorts de la fabrique, de la diffusion et de la pérennité des fausses informations.
Les échos de la fausse information
Une attention particulière sera accordée à la diffusion et aux mécanismes qu’elle implique : réception, adhésion, sidération, amplification, comportements induits, processus de ré-information… C’est ainsi de nouvelles pratiques médiatiques qui trouvent naissance dans un face-à-face avec la fausse nouvelle.
L’évolution d’une présence ininterrompue de la fausse information
Conformément à la démarche historique privilégiée par la revue, une mise en perspective chronologique sera la bienvenue. L’importance ainsi que les fonctions accordées à la fausse information ont varié dans le temps, depuis la valeur de nouvelle accordée aux rumeurs à l’époque moderne jusqu’à la mise en place de processus de vérification de l’information de plus en plus rigoureux au fil du temps, en passant par l’attractivité nouvelle des « théories du complot ». On pourra, par exemple, s’interroger sur la pratique de la fictionnalisation de l’information dans la presse, répandue dès les XVIIe et XVIIIe siècles.
Modalités pratiques
Les propositions devront être adressées avant le 10 septembre 2016 (titre, mots-clés, résumé en 3 000 signes maximum, affiliation) ; les réponses seront adressées aux auteurs le 15 octobre 2016. Les articles (35 000 signes) devront être remis le 15 janvier 2017 pour expertise et relecture pour publication en octobre 2017.
Coordinateurs du numéro