Vingt ans après cet article fondateur de P. Champagne sur la construction médiatique des problèmes sociaux, Julie Sedel, chercheure en sociologie formée à l’EHESS, revient sur les traces d’une double évolution : celle des banlieues et celle des médias.
Alors que les quartiers mis au ban se paupérisaient et que s’y développaient des formes de sociabilité inquiétantes aux regards extérieurs, les médias suivaient un chemin qui plaçait de plus en plus le fait-divers en Une (ce qu’a bien montré la thèse récente de Claire Sécail sur la place croissante du fait-divers à la télévision au cours de dix années récentes).
Les événements de l’automne 2005 ont souligné alors une difficulté croissante pour les médias et leurs journalistes de couvrir cette actualité, de rentrer en contact avec les milieux sociaux impliqués, de plus en plus réticents à être matière à faits-divers.
« Pour se prémunir des incursions médiatiques et éviter les dérapages journalistiques, des institutions et des groupes plus informels ont mis en place des stratégies de communication. Dans les quartiers populaires de la périphérie, certains habitants et acteurs sociaux se sont ainsi transformés en attachés de presse« , explique Julie Sedel.
L’ouvrage est publié dans une nouvelle collection, grand-public, associant l’INA (dont on connait le soutien à la recherche sur les médias et le journalisme, voir notamment les prix décernés annuellement), et les éditions Le Bord de l’eau, sous la direction d’Antoine Spire, journaliste spécialiste des questions d’information.