Numéro spécial d’El Argonauta sur la presse réactionnaire en Espagne

La revue El Argonauta lance un appel à contributions pour son numéro de  janvier 2012 (n°9) consacré à la presse réactionnaire en Espagne. El Argonauta espagnol est une revue bilingue franco-espagnole consacrée à l’étude de la presse espagnole de ses origines à nos jours (XVIIe-XXIe siècle).


La promulgation du décret des Cortès du 10 décembre 1810 sur la liberté de la presse constitua pour les libéraux une victoire éclatante sur les serviles. Mais leur triomphe fut de courte durée. Faute d’avoir pu empêcher l’adoption de ce texte, les zélateurs de la religion et de la monarchie absolue s’en emparèrent pour multiplier, dans toute l’Espagne non occupée par les troupes impériales, les publications hostiles à toutes les réformes que pourraient adopter les représentants de la Nation. Réclamant à grands cris (au nom de leurs principes) l’interdiction du Dictionario crítico burlesco et le châtiment de son auteur, ils dénoncèrent (en application du principe honni de liberté de la presse) leurs adversaires en des termes d’une rare violence, parfois même parfaitement orduriers.

La guerre de la plume (une expression que l’on trouve déjà, par exemple, dans l’Histoire des provinces Unies de Leclerc (1728) ou dans la correspondance de Voltaire et qui fut reprise par El Conciso) qui opposa rédacteurs de journaux et périodiques libéraux et serviles prit même, parfois, des allures de guerre civile : dans El Tío tremenda o los Críticos del malecón (Sevilla, 1812), José María Diez del Río, affectant le parler populaire, ne se demanda – t-il pas si, des deux guerres dans lesquelles étaient engagés les Espagnols (celle contre les gabachos et celle qu’avait entraînée la « liberté de penser, de parler, et d’écrire, en un mot l’abus de la liberté ») ce n’était pas cette dernière qui causait le plus de maux ?

Alors que tous les régimes absolutistes ou dictatoriaux (de Ferdinand VII au général Franco, en passant par Primo de Rivera) ont systématiquement muselé toute presse d’opposition, les systèmes démocratiques (monarchies constitutionnelles ou républiques) n’ont pas su, pas pu ou, la plupart du temps, pas voulu bâillonner la presse réactionnaire en vertu de la liberté de pensée et d’expression considérée, depuis le 26 août 1789, comme l’un des droits fondamentaux de l’Homme et du Citoyen.  
Cette présence ininterrompue d’une presse réactionnaire en Espagne de 1810 à nos jours nous oblige à lui prêter une attention particulière même si souvent les chercheurs (ce qui est bien compréhensible) éprouvent à son égard quelque réticence, en raison de son prétendu manque d’originalité. C’est pourquoi El Argonauta español a décidé de consacrer la première livraison de son neuvième numéro (janvier 2012) à cette question. L’étude de périodiques répartis sur l’ensemble de l’époque contemporaine doit en effet permettre de répondre à quelques questions fondamentales, telles que le financement de ces journaux, l’origine de leurs rédacteurs, leur diffusion et impact, l’évolution des thèmes privilégiés, etc.

Les propositions de collaboration détaillées (titre article + résumé d’une page maximum) doivent être envoyées pour le 31 mai 2011 au plus tard à l’adresse suivante : argonauta@mmsh.univ-aix.fr