Communicants et journalistes

05-04-2011

Nicolas Kaciaf et Jérémie Nollet diffusent un appel à communication pour un colloque « Communication et journalisme : nouvelles frontières, nouvelles interdépendances ? », les 19 et 20 janvier 2010 à l’Université Versailles Saint-Quentin.

Propositions à rendre pour le 15 mai 2011.

L’annonce :

Malgré une multiplication indéniable des enquêtes consacrées aux « communicants » et à leurs pratiques[1], la sociologie de la communication n’a pas connu la même « montée en puissance » que celle repérable en sociologie du journalisme [Neveu et al., 2002 : 10]. Ce moindre intérêt des sciences sociales apparaît paradoxal, tant les processus de médiatisation et de circulation d’informations semblent difficilement analysables si l’on ne tient pas compte des transformations des activités communicationnelles. Si les professionnels de la communication – attachés de presse et « relationnistes » en tête – ne sont pas totalement absents des recherches consacrées aux produits médiatiques, ils sont le plus souvent appréhendés à travers le concept-écran de sources. Ainsi réduits au statut de « porte-parole » anonymes des organisations qui les emploient, ils n’apparaissent pas comme des acteurs à part entière dans les dynamiques de production de l’information. On sait finalement peu de choses de leurs positions respectives dans les organisations, de leurs interactions avec ceux dont ils sont chargés de fabriquer l’image, ou de leur contribution propre aux mécanismes de construction de contenus médiatiques.

Pour contribuer à la connaissance de ces « communicants » et de ce qu’ils font à la production de l’information, l’objectif de ce colloque est de questionner ce qui joue aujourd’hui, en France comme dans d’autres configurations nationales, entre « communication » et « journalisme » ou, plus exactement, entre « communicants » et « journalistes ». Les guillemets sont de rigueur puisqu’il demeure nécessaire de réinterroger la pertinence d’un tel découpage du monde social. Plutôt que d’identifier une improbable essence de ces secteurs et ainsi risquer de reproduire certains mythes professionnels, il s’agit au contraire d’observer comment les acteurs construisent, s’approprient et redéfinissent ces frontières, identitaires et pratiques. Il convient en particulier de saisir leurs interactions au quotidien, que ces dernières prennent une tournure conflictuelle ou coopérative [Legavre, 2007]. Il faut aussi rendre compte des transformations structurelles qui touchent ces univers et contribuent à reconfigurer leur interdépendance [Neveu, 1994] : métamorphoses de l’espace médiatique sous l’effet de la « libéralisation » de l’audiovisuel et du développement des technologies numériques, extension considérable des formations aux métiers de la communication et du journalisme, évolutions des modes de consommation médiatique, « professionnalisation » de la communication dans la plupart des institutions et entreprises, diffusion d’une idéologie de la « transparence », etc.

Pour aborder ces enjeux, les contributeurs peuvent s’inspirer d’un des quatre axes problématiques suivants (le détail de leur présentation figure en pièce jointe) :

  1. Construction et déconstruction des frontières
  2. Différenciation et indifférenciation des rôles
  3. Interactions et interdépendances au quotidien
  4. Normes et savoir-faire en partage ?

Présentation des attentes.

Les propositions (3000 signes maximum) doivent être envoyées, au plus tard, le 15 mai 2011 à Nicolas Kaciaf (kaciaf@yahoo.fr) et Jérémie Nollet (jeremie.nollet@univ-lille2.fr).

Elles seront examinées, anonymement, par les membres du comité scientifique.

Notification des acceptations : 30 juin 2011

Les Actes du colloque seront publiés.

Comité scientifique :

– Jean Charron, professeur au département d’information et de communication (Université Laval, GRMJ).

– Jean-Gabriel Contamin, professeur en science politique (Université Lille II, CERAPS)

– Guillaume Courty, professeur en science politique (IEP de Lille, CERAPS)

– Didier Georgakakis, professeur en science politique (IEP de Strasbourg, GSPE)

– Jean-Baptiste Legavre, professeur en sciences de l’information et de la communication (UVSQ, VIP)

– Caroline Ollivier-Yaniv, professeure en sciences de l’information et de la communication (Université Paris-Est, CEDITEC)

– Erik Neveu, professeur en science politique (IEP de Rennes, CRAPE)

– Yves Poirmeur, professeur en science politique (UVSQ, VIP)


[1] Dans une perspective résolument sociologique, Curapp, 1991 ; Legavre, 1993 et 2007 ; Messika, 1995 ; Walter, 1995 ; Ollivier-Yaniv, 2000 ; Georgakakis, 2004 ; Nollet, 2006 ; Riutort, 2007 ; Marchetti, 2008 ; Thomas, 2008 ; Ollivier-Yaniv et Rinn, 2009 ; Dauvin, 2010 ; Kaciaf et Legavre, 2011.