Appel à publication : Journalisme, dangers et risques

06-10-2015

Nouvel appel de la revue scientifique internationale

Sur le journalisme – About Journalism – Sobre jornalismo

http://surlejournalisme.com/rev

Date de publication de l’appel : 5 octobre 2015 – Date finale de réception des articles : 15 avril 2016

De nombreuses études élaborées en référence au cadre du journalisme dit « d’information » (Charron et de Bonville, 2004) sont construites autour d’une seule des conditions juridico-culturelles de son exercice : la liberté d’expression et d’opinion du citoyen.

Ce numéro thématique est centré sur le journalisme comme prolongement de la liberté d’informer, en ce que celle-ci suppose non seulement la liberté de faire savoir mais aussi celle de rechercher l’information de manière systématique et d’en faire une activité professionnelle. Cette pratique professionnelle du journaliste a, depuis toujours, comporté des risques. Mais elle nous semble confrontée aujourd’hui à de nouveaux dangers.

Il faut pour cela prendre en compte les inquiétudes qui se font jour sur l’Etat démocratique lui-même, et sur la réalité des libertés d’expression et de presse en particulier. L’assomption que la démocratie est en progression constante à l’échelle mondiale d’un côté, et de l’autre au plan qualitatif au sein de chaque état libéral démocratique, est contredite dans les faits. Le front des médias et de l’information en est un indicateur en soi.

Trois traits du monde global contemporain rendent pertinentes, sinon pressantes, les interrogations liées au lien entre journalisme, dangers et risques.

Le plus visible est le repli de l’État marqué par son impuissance (et par le maquillage de cette impuissance) à intervenir dans plusieurs flux transnationaux d’activités qui rendent les vies quotidiennes hautement instables : volatilité des capitaux qui provoque des fermetures ou des relocalisations abruptes des sources de travail et des ruptures de stocks désastreuses, banditisme international en matière d’armes, de prostitution, de trafics d’organes et d’enfants, multiplication des guerres de faible intensité, interétatiques ou civiles. Cet environnement instable augmente, stimule ou provoque, dans plusieurs points du monde, les environnements socio-politiques marqués par la corruption, les trafics illégaux et immoraux, l’impunité de la violence et l’insécurité physique. Pour tous, et pour les journalistes qui ont à rendre compte de ces évolutions.

Un deuxième trait est la réorganisation du travail à l’échelle globale dans des flux transnationaux imposant d’une part des spécialisations régionales et de l’autre, une gestion de la main d’œuvre caractérisée là aussi par l’instabilité dans les entreprises (y compris les médias) : sous-traitances  diverses, contrats à durée déterminée, travail à temps partiel et à la pièce. Le journalisme devient lui aussi un lieu de travailleurs « autonomes », indépendants ou entrepreneurs mais toujours moins protégés, plongés dans l’insécurité et la solitude professionnelles (comme le théorisent Ulrich Beck, 2001 et Anthony Giddens, 1991).

Un troisième est l’extension de la surveillance généralisée des activités individuelles au-delà des activités traditionnelles de renseignement et d’intelligence, par le déploiement de systèmes numériques de surveillance et de profilage dont le centre d’observation est occupé non plus seulement par des États mais aussi par des méga-entreprises privées. Cela fabrique des « sources » publiques et privées de plus en plus armées d’informations sur le journaliste et susceptibles de les utiliser pour peser plus ou moins ouvertement sur lui, ou le punir.

Ce nouveau contexte interpelle le journalisme sous différents angles. Ici, nous en proposons trois :

1)    Quelles parades met à l’essai ou est en train de développer le journalisme pour suppléer à la déliquescence (et à la corruption) des États face au banditisme international et aux conflits armés qui champignonnent un peu partout ? Par exemple, comment se construisent des alliances avec d’autres acteurs, soucieux de s’opposer à ces évolutions problématiques, afin de permettre l’activité journalistique sans risque inconsidéré ?

2)    Quelles formules émergent pour soulager la précarité du journaliste dans une organisation du travail qui transfère sur lui seul l’organisation et les conséquences de ses entreprises de couverture, de ses essais, erreurs et échecs, aussi bien que son avenir professionnel et sa sécurité ?

3)    Quels usages font les journalistes des moyens électroniques de surveillance mis à leur disposition : drones, géolocalisations, bases de données, etc. ? D’autre part, comment se défendent-ils de l’usage de ces mêmes moyens contre eux ? Par exemple, comment négocient-ils avec les sources institutionnelles (gouvernements et organisations) qui travaillent la gestion de la communication de risques dans le but de prévenir/gérer les événements en neutralisant les effets critiques du journalisme ?

Les contributions pourront apporter des réponses globales ou partielles à l’une ou l’autre de ces questions. Les études de cas seront bienvenues. Des analyses de ce que soutiennent, racontent, souhaitent et rêvent les journalistes à propos de l’un de ces thèmes pourraient être pertinentes. Les rappels des procédures et pratiques qu’ont mis au point des journalistes dans le passé pour « faire avec » certains risques et dangers pourront être éclairants. Les présentations de l’état de l’une de ces questions dans un pays ou dans une zone géographique conviendront parfaitement.

Bibliographie :

BECK, Ulric (2001). La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité. Paris, Éditions Aubier.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean (1996). « Le paradigme du journalisme de communication : essai de définition ». Communication. Vol. 17, no 2. P. 51-97.

GIDDENS, Anthony (1991). Modernity and Self-Identity. Self and Society in the Late Modern Age. Stanford University Press.

 

Les articles peuvent être proposés en français, en anglais, en portugais ou en espagnol.

Merci de faire savoir votre intérêt pour ce dossier, en proposant un résumé de deux pages maximum de votre projet d’article, avant le 30 novembre 2015, à :

François Demers (Université Laval, Canada) francois.demers@com.ulaval.ca

Renaud de La Brosse (Université Linnaeus, Suède) renaud.delabrosse@lnu.se

Marie-Soleil Frère (Université Libre de Bruxelles, Belgique) msfrere@ulb.ac.be

Sylvia Moretzsohn (Universidade Federal Fluminense, Brésil) sylviamoretz@uol.com.br

 

Les auteurs seront informés de la décision des coordinateurs le 15 janvier 2016.

Merci de soumettre les textes finaux (de 30 à 50 000 signes tout compris) avant le 15 avril 2016.

Évaluation en double aveugle. Les articles proposés doivent faire apparaître un référencement théorique, une méthodologie de recherche, un matériau d’analyse. 

SLJ-Llamada-Periodismo y riesgos

SLJ-Chamada-Jornalisme e riscos

SLJ-Call-Journalism and Risks

SLJ-Appel-Journalisme et risques

 

 


Sur le journalisme – About Journalism – Sobre jornalismo…

…est le lieu de rencontres de traditions et de centres d’intérêts de recherche, travaillées par l’histoire. Les études sur le journalisme se sont structurées à partir d’épistémologies, de démarches et de méthodologies qui façonnent les productions scientifiques nationales et les aires linguistiques. La revue met en résonance ces pratiques et les résultats, par un positionnement résolument international. Dans un contexte de mondialisation et d’homogénéisation relative des systèmes médiatiques et des pratiques journalistiques, la revue porte aussi un regard sur les convergences et les résistances des cultures journalistiques et scientifiques.

La revue est un espace voué à la science. Animée par un comité éditorial (de quatre éditeurs) chargé de fluidifier les échanges, elle s’appuie sur le travail en commun de conseils scientifiques composés de chercheurs européens, latino-américains et nord-américains. Les membres de ces conseils sont des personnalités reconnues pour la qualité de leurs recherches et le regard international et interdisciplinaire qu’ils portent sur les travaux en journalisme.

La revue est un tremplin pour la publication de travaux novateurs, de regards transdisciplinaires et de recherches d’étudiants. Publiée en ligne et sur papier, elle est constituée de dossiers thématiques, autour de problématisations précises, pour diffuser des résultats théoriques et/ou méthodologiques originaux. Les résultats de recherche de Master, de rapports et d’études scientifiques, de notes de terrain et de corpus, trouvent aussi dans la revue un espace de diffusion.

La revue est un rendez-vous entre des envies, des regards, des chercheurs qui trouveront dans ces colonnes un lieu de vie scientifique stimulant. Le premier numéro de la revue a été publié en 2012.

Editeurs

François Demers (Université Laval, Canada) • Florence Le Cam (Université libre de Bruxelles, Belgique) • Fábio Henrique Pereira (Universidade de Brasília, Brasil) • Denis Ruellan (Université Paris-Sorbonne, France).

 

Conseils scientifiques

Zélia Leal Adghirni (Universidade de Brasília, Brasil), Henri Assogba (Université Laval, Canada), João Canavilhas (Universidade da Beira Interior, Portugal), Jean Charron (Université Laval, Canada), Rogério Christofoletti (Universidade Federal de Santa Catarina, Brasil), Béatrice Damian-Gaillard (Université de Rennes 1, France), Salvador De León (Universidad Autónoma de Aguacalientes, Mexico), Juliette De Maeyer (Université de Montréal, Canada), Javier Diaz Noci (Universidad Pompeu Fabra, España), David Domingo (Université libre de Bruxelles, Belgique), Chantal Francoeur (Université du Québec à Montréal, Canada), Marie-Soleil Frère (Université libre de Bruxelles, Belgique), Mike Gasher (Concordia University, Canada), Gilles Gauthier (Université Laval, Canada), María Elena Hernández Ramirez (Universidad de Guadalajara, Mexico), Thais de Mendonça Jorge (Universidade de Brasília, Brasil), Eric Lagneau (LIER – EHESS, France), Sandrine Lévêque (Université de la Sorbonne, France), Kenia Beatriz Ferreira Maia (Universidade Federal do Rio Grande do Norte, Brasil), Pere Masip Masip (Universidad Ramon Llull, España), Cláudia Mellado Ruiz (Universidad de Santiago, Chile), Dione Oliveira Moura (Universidade de Brasília, Brasil), Véronique Nguyen-Duy (Université Laval, Canada), Greg Nielsen (Concordia University, Canada), Raúl Hernando Osorio Vargas (Universidad de Antioquia, Colombia), Sylvain Parasie (Université Paris-Est, France), Laura Pardo (Universidad de Buenos Aires, Argentina), Valérie Jeanne Perrier (Université Paris-Sorbonne, France), Guillaume Pinson (Université Laval, Canada), Mauro Pereira Porto (Tulane University, USA), Franck Rebillard (Université Sorbonne nouvelle, France), Viviane Resende (Universidade de Brasília, Brasil), Rémy Rieffel (Université Panthéon-Assas, France), Roselyne Ringoot (Université Grenoble Alpes, France), Julien Rueff (Université Laval, Canada), Eugenie Saitta (Université de Rennes 1, France), Lia Seixas (Universidade Federal da Bahia, Brasil), Nikos Smyrnaios (Université Toulouse 3, France), Jean-Francois Têtu (IEP de Lyon, France), Marie-Eve Thérenty (Université Paul Valéry, France), Annelise Touboul (Université de Lyon 2, France), Adeline Wrona (Université Paris-Sorbonne, France)

 

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